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nov
Destinée à financer les infrastructures de transport, la taxe nationale sur les véhicules de transports de marchandises (TPL ou écotaxe) aurait du s'appliquer, à partir du 1er Octobre 2013. L’entrée en vigueur avait déjà été reportée au 1er janvier 2014 mais l’Etat ajourne sine die son application. Etaient concernés les poids lourds à partir de [...] 3,5 tonnes, qui utilisent le réseau routier national. Cette nouvelle reculade sanctionne une destination douteuse de cette collecte fiscale. En effet, les recettes de cette nouvelle recette se justifiaient en affichant son affectation au transfert des marchandises du mode routier vers des modes alternatifs à la route qui sont montrés comme plus protecteurs de l’environnement. En particulier, le fret ferroviaire et le mode fluvial auraient du en être les bénéficiaires.
Suspension de la mise en service de la taxe poids lourds (TPL ou écotaxe)
L'application de l'écotaxe, qui devait entrer en vigueur au 1er janvier 2014, est suspendue sur tout le territoire national. C'est ce qu'a annoncé le Premier ministre le mardi 29 octobre 2013.
Les recettes :
L'écotaxe devait rapporter chaque année 1,15 milliard d'euros, dont 250 millions pour la société Ecomouv', 750 millions pour les caisses de l'État, et 150 millions pour les collectivités locales.
Les affectations de recettes et les emplois envisagés :
Bien qu’en droit fiscal, une recette ne puisse être affectée à une dépense, l’écotaxe devait abonder le budget de l’agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF). Paradoxalement ce fond devrait être appelé pour financer la LGV Bordeaux – Toulouse qui n’a aucun caractère fret à la vue des capacités disponibles sur la ligne actuelle.
Au niveau des incohérences relevées, il est curieux de constater que l’écotaxe s’applique à des itinéraires sans évaluer les possibilités de report modal sur un mode parallèle. Il en est ainsi des axes au départ du versant Nord des Pyrénées vers l’Espagne pour lesquels aucune offre ferroviaire n’est envisageable tant sur Toulouse – Puigcerdá que sur Pau Canfranc. De fait, le transport routier est tellement handicapé au niveau fiscal et social en France que si ce mode est dominant, c’est qu’il n’a pas d’alternatives. L’écotaxe ne pourra rien y changer. Il s’agit que d’un prélèvement pour lequel l’Etat à pris garde qu’il soit indolore pour les routiers.
Curieusement, des abattements de taux ont été prévus pour la Bretagne : 50% et pour Aquitaine et Midi-Pyrénées : 30%.
Ces Régions sont celles qui bénéficient des faveurs de l’Etat pour les nouvelles infrastructures ferroviaires. Rennes – Brest et Tours – Bordeaux sont en chantiers alors que Bordeaux – Toulouse et Bordeaux – Dax sont promis avant 2030. Reporter les recettes de l’écotaxe ne contribuera pas à consolider les montages financiers précaires. Cette précarité est bien avouée car pour les deux lignes de GPSO, le gouvernement n’entend plus faire appel au financement partenarial Public Privé. C’est dire s’il est conscient de l’inaccessibilité des rentabilités qui rendrait infructueux tout appel à partenariat. Ces défaillances de recettes ajoutées aux pénalités que l’Etat pourrait se voir contraint de payer pour son dédit sur l’écotaxe aux gestionnaires du dispositif font peser un risque très lourd sur le financement des infrastructures nouvelles. http://www.claraco.com | EN SAVOIR PLUS | LIRE L'ARTICLE | RETOUR
L'absence de politique gouvernementale en matière de répartition du trafic – fret ferroviaire, camions – à la lumière de l'écotaxe, en cinq contre-leçons, par Corinne Morel Darleux, membre du bureau de la Fondation Copernic et secrétaire nationale à l'écologie du Parti de Gauche.
Selon le ministère de l’écologie et du développement durable, le secteur des transports était en 2011 le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France, représentant plus d'un quart des émissions. Alors que l'objectif affiché par le Grenelle de l'Environnement était de parvenir à une part du fret “ non routier non aérien †dans le fret total de 15,75% en 2012, cette part n'était que de 11,7 % en 2011 (voir le rapport en pdf), et les marchandises transportées par route ont continué de progresser, passant de 157, 5 milliards de tonnes-kilomètres en 1995 à 165,8 en 2012.
Contre-leçon numéro 1. Taxer les poids lourds qu'on a soi-même mis sur les routes.
L'écotaxe, dont il est beaucoup question ces derniers temps, concerne les poids lourds de plus de 3,5 tonnes. Commençons par rappeler que c'est le même gouvernement qui en décembre 2012 a signé l'arrêté autorisant la circulation des giga-camions de 44 tonnes sur les routes. Cette mesure devrait coûter, d’après une étude faite par le Conseil général du développement durable, entre 400 à 500 millions d’euros de surcoût à la collectivité pour l’entretien des routes.
Contre-leçon numéro 2. Faire supporter l'entretien des routes par la collectivité.
Ces coûts sont en effet supportés en grande partie par les conseils généraux. La route est un des seuls moyens de transport dont les dépenses sont entièrement socialisées, faussant totalement les études d'opportunité économique. En effet, un certain nombre de coûts – évalués à 650 milliards d'euros au niveau européen, 85 milliards pour la France – ne sont pas pris en compte dans la définition du prix de marché mais supportés par d'autres acteurs : pollution de l'air, de l'eau et des sols, accidents, congestions, contribution au dérèglement climatique... Si l'on réintégrait ces coûts externes liés au transport de passagers, le train est 3 fois plus performant que la voiture, 2 fois plus que l'avion, et 1,5 fois plus que l'autocar. Et la tendance se confirme pour le transport de marchandises : le fret ferroviaire est 4 fois moins coûteux que le routier et 15 fois moins que l'avion.
Contre-leçon numéro 3. Démanteler la SNCF et négliger le fret ferroviaire.
Certes, les recettes de l'écotaxe sont censées être utilisées au financement des infrastructures de transport. Mais pour bénéficier au report modal vers le fret, encore faudrait-il disposer d'un plan de modernisation du rail. Las, dans les rapports successifs issus du ministère, on cherche en vain un plan de développement du fret digne de ce nom. Et ce ne sont pas les paquets ferroviaires européens successifs de libéralisation du rail qui vont arranger les choses. Comme on peut le constater depuis l'ouverture à la concurrence et le démantèlement de la SNCF en branches distinctes, la recherche de rentabilité a pris le pas sur les investissements et l'activité de fret, malgré les objectifs du Grenelle de l'Environnement, n'a visiblement pas été jugé suffisamment rentable pour être développée.
Contre-leçon numéro 4. Exonérer les autoroutes.
Il y a aujourd'hui quelque 8 600 km d'autoroutes en France, soit l'équivalent de la distance de Paris à Bogota. Or, l'écotaxe dont il est beaucoup question en ce moment ne concerne pas les infrastructures autoroutières. Le décret précise bien qu'elle ne concerne que les routes nationales non payantes et les routes départementales qui contournent les itinéraires payants. Ces autoroutes sont majoritairement gérées par trois groupes privés : Vinci, Eiffage et l'espagnol Abertis. C'est le gouvernement de Villepin qui a conclu l'opération de bradage en 2006, contre l'avis de la majorité des Français qui étaient 70% opposés à cette privatisation selon les sondages. Résultat, alors que les investissements de départ ont été pris en charge par les contribuables, ce sont aujourd'hui les multinationales qui ramassent la mise. Sans compter que plus de 95% de leur chiffre d'affaires provient des péages, c'est-à -dire de nos poches. En somme, nous payons pour utiliser des autoroutes que nous avons contribué à financer par nos impôts et dont les recettes alimentent les profits des grandes entreprises.
Contre-leçon numéro 5. Faire des cadeaux aux concessionnaires privés.
Et comme si ça ne suffisait pas, sans même parler du scandale du contrat passé avec Ecomouv, voilà que le gouvernement actuel se met dans les pas de la droite : le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, veut prolonger de trois ans la durée d'exploitation de nos autoroutes par les groupes Vinci, Eiffage et Albertis. Tout ceci commence à ressembler à un joli scandale en direction du lobby autoroutier et rappelle étrangement d'autres précédents, sous un autre gouvernement. Déjà en janvier 2010, le ministre Jean-Louis Borloo posait aux côtés de cinq concessionnaires pour dévoiler leurs nouveaux « engagements verts » : plus d'un milliard de travaux, financés par l'octroi d'une année supplémentaire de concession. Sous couvert de “ relance verte â€, en échange d'investissements qui de toutes façons devaient être programmés, nous avons donc fait cadeau à ces groupes privés d'une année de concession et des recettes qui vont avec. Avec quelques perles du « greenwashing » comme ce magnifique “ péage sans arrêt â€, censé faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, qui en fait permet surtout de développer les technologies de surveillance, à faire passer plus de voitures et ainsi augmenter encore les recettes des concessionnaires. C'est dans ce contexte qu'a été initié L'appel des élus contre la privatisation des autoroutes.
Résumons : cadeau aux concessionnaires privés d'autoroutes, coûts externes de la route pris en charge par la collectivité, coût du rail gonflé, démantèlement de l'entreprise intégrée SNCF et absence de plan fret... Si on profitait du débat sur l'écotaxe pour ouvrir sérieusement le débat sur une vraie planification du report modal en France ?
VOS QUESTIONS - «20 Minutes» a répondu à plusieurs questions envoyées par les internautes sur l’écotaxe...
L’écotaxe et le contrat signé par l’Etat avec la société Ecomouv’ continuent de faire polémique. Cette mesure, issue du Grenelle de l’environnement en 2009, est censée financer la construction de voies ferroviaires et fluviales et permettre l’entretien du réseau routier. Mais la fronde en Bretagne l’a remise sur le devant de la scène et vous êtes nombreux à vous interroger. 20 Minutes a répondu aux questions que vous nous avez posées.
>> Continuez à poser vos questions sur l’écotaxe par ici, ou écrivez-nous à reporter-mobile@20minutes.fr.
Pourquoi la Bretagne est-elle plus sensible à l'écotaxe que les autres régions françaises?
L’écotaxe sera prélevée sur les routes françaises non soumises à des péages (tous les détails par ici). Les portiques seront donc installés sur les routes nationales et, dans certains cas, les départementales. Or la Bretagne est l’une des seules régions françaises à ne pas avoir d’autoroute et donc de péage en vertu d’un droit ancien. La région possède en revanche de nombreuses quatre-voies, ses voies principales de circulation, qui seront donc concernées. De même, avancent les critiques de l’écotaxe, les deux piliers de l’économie bretonne sont l’agriculture et l’agroalimentaire, deux secteurs tournés vers l’export qui vont donc être particulièrement impactés par cette taxe. Enfin, la Bretagne n’est pas vraiment un nœud du trafic de transporteurs routiers car la région est géographiquement plutôt enclavée. De fait, cette taxe touchera surtout les transporteurs français et non les étrangers qui parcourent la France, plaident les opposants. Enfin, la conjoncture économique actuelle, avec une succession de plans sociaux massifs, a contribué à rendre ce dossier fédérateur et explosif.
«Pour toute la région, la succession de plans sociaux rapides et massifs a été un choc, cela a créé un fort sentiment de solidarité», a expliqué à 20 Minutes Jean-Michel Favennec, président de la Coordination rurale de Bretagne (voir par ici). Ce qui explique que des ennemis déclarés, le NPA et le Medef par exemple, puissent se retrouver dans le même cortège.
Pourquoi l’écotaxe, si elle est abandonnée, coûtera si chère à l’Etat?
L’Etat a signé un contrat avec une entreprise pour mettre sur pied l’écotaxe. Pour collecter l’écotaxe, il faut des portiques et des bornes spécifiques, savoir traiter des données GPS, avoir les bons logiciels, équiper tous les poids lourds des équipements et les salariés capables de s’en charger. Il a été a priori considéré que l’Etat n’avait pas les compétences ni la technicité pour s’en charger et que passer par une entreprise privée était plus avantageux (voir par ici). Le contrat signé est un partenariat public-privé, qui permet de confier la construction et la gestion d’un équipement public à un opérateur privé, qui avance les fonds et l’exploite pour une durée déterminée, pendant laquelle l’administration publique verse un loyer (voir par ici). Ce sont des contrats très difficiles à renégocier (voir par ici) et très précis, très contraignants autant pour l’administration que pour l’entreprise, dans lequel toutes les pénalités sont prévues à la signature du contrat. Dans le cas d’Ecomouv, il est prévu que si l’Etat se dédie du contrat, il doit verser au total un milliard d’euros selon ses calculs. Annuellement, la société Ecomouv’ est censée toucher 250 millions d’euros. Là , l’écotaxe est suspendue, et cela pourrait coûter 50 millions d’euros par mois à partir du 1er janvier 2014 pour couvrir les frais de fonctionnement. Car si la collecte n’a pas commencé, Ecomouv’ a déjà engagé énormément de frais pour les portiques, les bornes, l’équipement, le logiciel, le recrutement de personnel, etc.
Le contrat signé dans des conditions douteuses peut-il être remis en cause?
Difficile d’affirmer en l’état des connaissances que le contrat a été signé dans des conditions douteuses. La justice a d’ailleurs déjà été saisie du dossier, porté devant le tribunal administratif par Alvia, l’un des concurrents d’Ecomouv’, au moment de l’appel d’offres. Le tribunal administratif avait d’abord invalidé la candidature d’Ecomouv’ au motif que le cabinet suisse Rapp Trans AG, chargé de conseiller l’Etat dans le choix du prestataire, était aussi le conseiller d’Autostrade, société italienne qui possède à 70% Ecomouv. L’impartialité n’était pas respectée, avait expliqué la justice. Mais cette décision a été par la suite cassée par le Conseil d'Etat, considérant que «les griefs qui étaient formulés ne concernaient pas le contrat en cours de signature». Par la suite, une enquête préliminaire avait été ouverte au parquet de Nanterre mais avait été classée en octobre 2013. Elle a été rouverte ce mercredi. La procédure avait été close car «il n'y avait pas à cette date d'infraction caractérisée» dans l'attribution du contrat, a indiqué Robert Gelli, procureur de la République de Nanterre. «Mais au vu de certaines choses dites récemment, j'ai décidé de rouvrir l'enquête» pour vérifier certains éléments, a-t-il ajouté.
De la même manière que les sections à péage d'autoroutes sont signalées et donnent le choix aux véhicules de sortir afin d'emprunter un autre itinéraire, la loi n'obligera-t-elle pas de mettre en place une telle signalisation et donc d'indiquer les itinéraires réellement gratuits?
Rappelons que l’écotaxe ne concerne que les poids lourds de 3,5 tonnes. D’après le gouvernement, la mesure ne concernera qu’1% des routes. L’autoroute, non concernée par l’écotaxe, reste la voie de transport privilégiée par les poids lourds.
Quelle garantie a-t-on que cette taxe restera limitée aux poids lourds, et que les infrastructures mises en place (portiques) ne seront pas utilisées pour pressurer les autres véhicules d'une manière ou d'une autre? (radars…)
Le contrat liant l’Etat à Ecomouv’ ne prévoit a priori pas ce cas de figure. Un avenant au contrat est toujours possible. Outre le fait que c’est une décision politique lourde, techniquement, elle serait compliquée à mettre en œuvre. Pour la collecte de l’écotaxe, chaque poids lourd doit être enregistré, il reçoit un boîtier GPS qui déclenchera les portiques installés sur l'ensemble des routes taxables, tous les quatre kilomètres environ. Si ce système devait être étendu à tous les véhicules (comme c’est le cas en Suisse et en République tchèque), il passerait par un autre système, avec une taxe à l’achat du véhicule par exemple.
Maud Pierron
La polémique politique enfle autour du contrat Ecomouv'
Publié le 04/11/2013 à 19:59, Mis à jour le 04/11/2013 à 21:02 | 4
Taxe collectée par une société privée, retour sur investissement juteux, "scandale d'Etat"... Les conditions du contrat signé entre Ecomouv' et l'ancien gouvernement Fillon pour la collecte de l'écotaxe cristallisent les critiques de droite comme de gauche.
Ardents défenseurs de la philosophie du "pollueur-payeur", les écologistes ont tiré à boulets rouges lundi contre les modalités de mise en œuvre de cette taxe, qui a soulevé la Bretagne. Leur ex-candidate à l'élection présidentielle, l'eurodéputée Eva Joly, a jugé qu'il "faut dénoncer ce contrat et il faut faire une enquête".
Le député EELV des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert, n'a pas hésité à décrire les germes d'un "scandale d'Etat" derrière le partenariat public-privé (PPP) avec Ecomouv', société montée spécifiquement pour mettre en œuvre et collecter l'écotaxe.
Le principe de cette fiscalité écologique, imposée au transport routier en vue de financer des grands projets d'infrastructures, avait été adopté largement par la classe politique lors du Grenelle de l'environnement, sous le gouvernement Fillon. Les conditions du contrat liant Ecomouv' à l'Etat sont également connues: le dispositif doit rapporter 1,15 milliard d'euros par an, dont 20% pour Ecomouv', soit 250 millions d'euros annuels.
Ecomouv' appartient à 70% à la compagnie italienne Autostrade per l'Italia. Le reste de son capital est partagé entre le groupe français d'électronique et de défense Thales, Geodis (filiale de la SNCF), l'opérateur de télécommunications SFR et Steria, société d'ingénierie informatique.
"Les 20% qu'ils touchent eux, c'est énorme (par un rapport à un partenariat public-privé classique)", estime-t-on dans l'entourage de l'actuel ministre des Transports Frédéric Cuvillier. "Il n'y a pas de dogme anti-PPP, on en a signé plusieurs depuis qu'on est là , mais est-ce que celui-ci a été signé dans des conditions acceptables?", s'interroge la même source, pointant vers le gouvernement Fillon.
Le pouvoir socialiste a seulement suspendu l'écotaxe et n'entend pas y renoncer, arguant qu'un abandon coûterait 800 millions d'euros payables sans délai, et 200 millions supplémentaires sur un an, soit un milliard d'euros au total.
Règlements de comptes à l'UMP
A quatre mois des municipales, la candidate socialiste à la mairie de Paris, Anne Hidalgo a fustigé un "marché ruineux" sur lequel sa rivale UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre de l'Ecologie, "doit rendre des comptes".
Certains anciens responsables de droite n'ont pas été en reste pour se désolidariser: Rachida Dati et Xavier Bertrand se sont étonnés "qu'une entreprise privée et étrangère soit en charge de collecter l'impôt en France".
"Il y a une différence fondamentale en matière de fiscalité entre un impôt et une taxe", corrige Dominique Bussereau, joint par l'AFP. L'ancien ministre des Transports, qui a vécu le début la procédure, souligne que de nombreux organismes privés comme les chambres d'agriculture ou de commerce assurent aujourd'hui la perception de certaines taxes.
"La somme reversée pour gérer la complexité du système ne me paraît pas folle", plaide M. Bussereau.
Le PDG de Steria, François Enaud, a défendu une rémunération, calculée selon lui "au cordeau". "N'importe quelle entreprise vous dira que pour maintenir un système il faut à peu près 10% de ses coûts de construction et ensuite pour amortir un système qui a été financé par les sociétés privées il faut bien, sur une durée de 10 ou 15 ans, rajouter 10%", a-t-il plaidé sur LCI.
Plus largement, les conditions d'attribution à la société Ecomouv' refont surface. Le choix du gouvernement avait été contesté par Alvia, l'un des concurrents à l'appel d'offres, devant le tribunal administratif. Le juge avait alors invalidé la candidature d'Ecomouv', arguant notamment que le conseiller de l'Etat sur le dossier écotaxe, le cabinet suisse Rapp Trans AG, ne pouvait être impartial car il travaillait également avec Autostrade.
Cette décision avait ensuite été cassée par le Conseil d'Etat, qui "a considéré que les griefs qui étaient formulés ne concernaient pas le contrat en cours de signature", se défend Ecomouv', jointe par l'AFP.
Dans l'entourage de François Fillon, on adopte la même ligne. De source proche de l'ancien Premier ministre, le contrat entre Ecomouv' et l'Etat est "totalement inattaquable", car le gouvernement a procédé au "lancement d'un appel d'offres" et a ensuite choisi la société en mesure de mettre œuvre l'écotaxe le plus rapidement possible.
Sollicitée par l'AFP, Nathalie Kosciusko-Morizet, elle, n'a pu être jointe lundi mais elle avait balayé de la même manière la semaine passée des critiques de Stéphane Le Foll.
© 2013 AFP
Un cinquième portique est parti en fumée dimanche et le mouvement pourrait s'étendre au-delà de la Bretagne.
L'INFO. Les manifestants ont filmé eux-mêmes la scène : un cinquième portique écotaxe s'est effondré dimanche après-midi à Lanrodec, dans les Côtes d'Armor. Cette fois encore, les bonnets rouges bretons y ont mis le feu. Chaque portique coûte plus de 500.000 euros, et pourtant les leaders du collectif pour l'emploi, assument ces destructions. "Le portique, c'est un symbole et on ira jusqu'à bout" prévient lundi, au micro d'Europe 1, Thierry Mérette, représentant des Syndicats d’exploitants agricoles dans le Finistère. Alors faut-il démonter au plus vite les neuf portiques bretons qui sont toujours debout ? Pour l'heure, l'Etat est sur les dents et toutes les structures restantes sont désormais sous la surveillance permanente des forces de l'ordre.
Un mouvement qui s'étend ? Les autorités regardent avec attention toutes ces actions anti-écotaxe en Bretagne, comme ailleurs. Car des voyants commencent à s'allumer dans d'autres régions. Dans le Nord, une borne écotaxe a été partiellement brulée samedi près d'Avesnes-sur-Helpe et des poids-lourds ont mené une opération escargot dans la région de Lyon.
Les portiques écotaxe sous haute surveillance
© MAXPPP
Que fait l’État ? Dans l'entourage du ministère de l'Intérieur, on se montre très prudent. Tout est fait cependant pour éviter de nouveaux incendies. Il reste neuf portiques écotaxe en Bretagne. Ils sont tous surveillés par les forces de l'ordre, notamment cinq d'entre eux qui ont fait l'objet de menaces directes. Problème : si une centaine de manifestants débarquent pour y mettre le feu, comme ça a été le cas dimanche à Lanrodec, quelques dizaines de gendarmes ne peuvent pas faire grand chose, reconnaît un conseiller de Manuel Valls : "on ne va pas risquer d'aller à l'affrontement et d'avoir des blessés". C'est donc maintenant à la société Ecomouv, propriétaire de ces installations, de démonter ses portiques pour éviter de nouveaux incidents.
Les portiques écotaxe sous haute surveillance
© MAXPPP
Les radars, autre cible des opposants ? Autre problème en Bretagne, celui des radars incendiés. Six sont ainsi partis en fumée en l'espace d'une semaine dans le Morbihan. Pour le moment, rien ne prouve que ces actes soient l'œuvre des opposants à l'écotaxe. Il reste cependant difficile de ne pas y voir une autre façon de s'en prendre aux symboles de l’État et à la fiscalité.
Ecotaxe : un nouveau portique détruit, le gouvernement appelle à la discussion
Edité par Melinda DAVAN-SOULAS avec AFP mis à jour le 03 novembre 2013 à 16h58.
Ecotaxe : les portiques cristallisent la colère bretonne sur WAT.tv
Un portique écotaxe s'est effondré, dimanche dans le Morbihan. Samedi, en marge de la manifestation pour l'emploi de Quimper, deux portiques avaient été incendiés par des bonnets rouges. Ces derniers se sont dits prêts à répondre favorablement à l'appel à discussion de Jean-Marc Ayrault.
Au lendemain de la forte mobilisation en Bretagne, le mouvement pour l'emploi et contre l'écotaxe dans la région, pourtant suspendue dès mardi, ne se relâche pas. Samedi, la manifestation a rassemblée entre 15 000 et 30 000 personnes. Mais elle a aussi donné lieu à quelques heurts avec les forces de l'ordre et à de sérieux dégâts en parallèle. Cinq casseurs ont été interpellés et vont comparaître dès lundi. Deux portiques écotaxe ont été détruits en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan. Ce dernier s'est effondré.
Dimanche, un troisième portique a été pris d'assaut à Lanrodec (Côtes-d'Armor) sur la RN12, une quatre-voies reliant Brest et Saint-Brieuc. Des hommes coiffés d'un bonnet rouge y ont mis le feu vers 15h15 avant que le portique ne s'écroule un peu plus tard. Le trafic a été dévié. Les forces de l'ordre ont pourtant pris position auprès des différents portiques toujours installés sur les routes de Bretagne. Dans le Nord, c'est un radar écotaxe qui a été incendié dans la nuit de samedi à dimanche sur la RN2. Le feu a également été mis à deux autres radars simples dans le Morbihan. L'un d'eux est hors d'usage, annonce Le Télégramme.
Les Bonnets Rouges prêts à discuter
Succès populaire malgré de nombreuses échauffourées, la manifestation de Quimper pour l'emploi menée par les bonnets rouges a fait réagir le gouvernement. Dès samedi soir, Jean-Marc Ayrault avait appelé toutes les parties prenantes à se retrouver "autour du "Pacte d'avenir pour la Bretagne" dès mercredi. Dimanche, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a annoncé qu'il se rendrait dans la région vendredi pour ouvrir des discussions.
Les organisateurs de la manifestation ont répondu favorablement à l'invitation du Premier ministre, tout en exigeant des mesures immédiates et concrètes. Les principaux représentants politiques, économiques et sociaux présents samedi sont donc prêts à se rendre à Paris. "Nous comptons nous rendre à cette réunion et on va avoir énormément de propositions à faire. Mais il y a urgence et il faut des mesures immédiates et concrètes", a déclaré à l'AFP Christian Troadec, maire DVG de Carhaix (Finistère) et porte-parole du comité organisateur qui regroupe notamment des syndicalistes FO de l'agroalimentaire, la FDSEA du Finistère et des artisans et chefs d'entreprise. "Il y a le feu, on ne met pas autant de gens dans la rue par hasard."
Un droit à l'expérimentation pour la Bretagne
Parmi les mesures exigées à court terme figurent la suppression définitive de l'écotaxe l'ouverture par la France de négociations avec ses partenaires européens pour mettre "fin au dumping social" qui fragilise la Bretagne, notamment en Allemagne, et "l'interdiction pour une entreprise qui fait des profits de laisser ses salariés sur le carreau", une allusion au groupe norvégien Marine Harvest (saumon fumé).
Les députés UMP ont également fait savoir qu'ils s'assiéraient à la table des négociations. "Nous avions conditionné notre participation à la suspension de l'écotaxe. Elle est suspendue, donc les députés UMP seront présents", a indiqué Marc Le Fur (Côtes-d'Armor). Ils avaient pourtant boycotté une première réunion à Matignon mardi dernier. Le Fur a réclamé la mise en place rapide d'un "plan Orsec pour la Bretagne". Il dénonce la "concurrence déloyale de l'Allemagne" et "les impôts et contraintes administratives qui empêchent les Bretons et les Français de travailler", et réclame le maintien des restitutions (subventions) européennes à l'export du poulet.
Le président de la Chambre régionale d'agriculture de Bretagne, Jacques Jaouen, a lui aussi demandé des "réponses concrètes à des demandes formulées depuis longtemps, comme la simplification administrative", à laquelle Jean-Marc Ayrault s'est d'ailleurs engagé en septembre au salon de l'élevage de Rennes. "Nous demandons un droit à l'expérimentation pour la Bretagne, pour qu'elle puisse avoir la capacité à s'adapter au contexte" international, a-t-il plaidé.
Les «bonnets rouges» ont mis à terre un 4e portique écotaxe ce dimanche en incendiant les pieds de la structure. Ces dispositifs permettant d'identifier les camions soumis à l'écotaxe sont la cible de la colère bretonne depuis plusieurs mois.
Les bornes et portiques écotaxe sont devenus la cible de la colère des manifestants bretons. Ce dimanche après-midi, un groupe d'une quarantaine de personnes, dont certains étaient coiffés de bonnets rouges, s'est rassemblé autour du portique écotaxe de Lanrodec, entre Saint-Brieuc et Guingamp. Le groupe a mis le feu à des pneus aux pieds de la structure. A 15h20, le portique a cédé et s'est écroulé sur la route, sous les applaudissements.
Samedi, peu avant la grande manifestation de Quimper, un autre portique a été détruit de manière similaire à Saint-Allouestre, dans le Morbihan.
Selon Ouest-France, la structure a été démontée dans la nuit de samedi à dimanche. En prévision d'autres tentatives de destructions, des compagnies de CRS se sont massées près des portiques d'Elven, près de Vannes, et de Brech', près d'Auray.
De 500.000 à 1 million d'euros pièce
Depuis quelques mois, ces structures métalliques fleurissent sur les routes de France. Construits par la société italienne Ecomouv', les portiques écotaxe coûtent entre 500.000 et 1 million d'euros pièce. Équipés de caméras de surveillance et de systèmes de détection, ces structures détectent les camions de plus de 3,5 tonnes qui doivent s'acquitter de l'écotaxe, et vérifient si ces véhicules sont bien équipés d'un boîtier GPS. Ce dernier se déclenche lors du passage du camion devant une borne écotaxe, et calcule le montant dû à l'État.
Les portiques écotaxe sont la cible de la colère des «bonnets rouges» depuis plusieurs mois. La première action marquante date du 2 août, quand un groupe de manifestants avait détruit un portique près de Morlaix. Rebelote le 8 octobre, avec un nouveau sabotage à Melgven, entre Quimper et Lorient. Jeudi, la préfecture du Finistère avait procédé au démontage du portique de Pont-de-Buis. Ce dernier avait été la cible d'une violente manifestation le 26 octobre.
Même de simples radars routiers sont vraisemblablement touchés par la colère bretonne. Cette semaine, pas moins de 6 radars ont été incendiés dans le Morbihan, dont quatre rien que pendant la nuit du 31 octobre au 1er novembre. Mais le phénomène ne semble pas circonscrit à la Bretagne. Selon la Voix du Nord , une borne écotaxe a été incendiée ce dimanche près d'Avesnes-sur-Helpe, dans le Nord.
Robert & Gilles CLARACO Fondateurs du portail de l’intermodalité intermodalite.com